Tableaux SHIBARI

Mon activité plastique et picturale particulièrement, m’a fait rencontrer l’art du Shibari.

La beauté de la nudité féminine abandonnée dans la confiance absolue de l’encordeur à des seules fins esthétiques attire mon œil. Tel un cadeau, la sensuelle encordée se prête au délire de l’encordeur. Il a le pouvoir de sublimer son corps comme une marionnette, certains diraient…Moi, j’y vois la puissance féminine de l’abandon, de l’amour, de l’extase partagée à deux et offerte aux yeux de spectateurs avertis. Car elle a le pouvoir, cette femme, de le faire cesser son encordage à tout moment mais non…Elle le laisse créer son tableau vivant jusqu’à ce que l’artiste finisse d’exprimer son oeuvre à travers elle. Loin d’une recherche d’une quelconque performance si chère à notre société capitaliste qui court de manière effrénée après le temps, après l’argent…Ici, les partenaires « shibaristes » le suspendent, le temps.

Moi, spectateur et peintre, je vois le temps suspendu dans une offrande gratuite, dans son humain attachement d’un être pour un alter, sans aucune autre finalité que l’œuvre en elle-même. C’est la traduction de mon regard, de l’émotion amoureuse et presque transcendante que je ressens devant cet art japonais dont je souhaite participer en vous « délivrant » mes tableaux colorés. Mais aussi en vous faisant pénétrer cet univers tel que je le perçois et ressens…une bouffée d’amour, en lieu et place de la guerre ou de la cupidité. Juste la beauté du don de soi et de la capacité à recevoir ce don, à le sublimer en contre-don. L’encordée se donne, l’encordeur se donne autrement. Il n’existe que par rapport à sa « créature », il ne peut pas se passer d’elle.

Voyez ce que je vois! Cette inter-dépendance, ce lien qui nous relie les uns aux autres, ce qui fonde notre société, notre capacité à aimer!

La sensibilité des couleurs et de la matière avec un brin de surréalisme peuvent sublimer le fantasme et le rendre accessible.

Art ancestral japonais, art martial, du domaine de la guerre transformé en domaine de l’amour. Prisonnier dans les cordes, paradoxe de l’amour libre et libéré.

“Merci à SyaL pour sa collaboration dans l’écriture”